Notre périple en Islande se poursuit sur les îles Vestmann, un archipel de 18 îlots au sud de l’Islande. L’arrivée, après 30 minutes de ferry, est grandiose. Des milliers d’oiseaux s’amusent à dompter les vertigineuses falaises de Heimaey, « seule » île habitée.
Le ciel se couvre et c’est sous la pluie que nous tentons d’escalader le volcan Eldfell. Le vent nous balaie et l’averse colore la roche volcanique pour la rendre rouge sang. Du sommet, on se rend compte du cataclysme de 1973, date de la dernière éruption qui a balayé le quart de l’île. On passe ainsi du rouge au bleu en passant par le noir et le vert. Même avec un ciel voilé et humide, le spectacle est saisissant : rien n’a repoussé sur les coulées de lave en 40 années. Ascension du volcan EldFell

Nous continuons notre balade avec la côte ouest sauvage et dangereuse entre golf(!) et océan. Si on n’a pas aperçu les moutons hippies, on a rencontré quelques macareux retardataires sur le flanc des falaises. En effet, ces cousins des pingouins en version colorée sont censés migrer avant la mi-août. Ces mignons petits volatils sont également un met raffiné pour les Islandais, apparemment leur canard laqué.

On reprend la route dans un brouillard à découper au couteau et une pluie fine ce qui transforme le spectacle en désert post-apocalyptique. Le néant. L’impression de se retrouver perdus dans les marais des morts de la Terre du Milieu de Tolkien. 300 km lents et épuisants. Les monticules de laves recouverts de mousses nous apparaissent comme des champs de moutons morts. Il est temps de s’arrêter.

Apocalypse Autostop laineux

La météo n’est guère plus clémente à notre réveil mais on décide de pousser jusqu’au lac polaire de Jökulsárlón. En arrivant au pied du glacier Vatnajokull, le soleil déchire les nuages et le spectacle nous laisse sans voix. La croûte terrestre s’est creusée suite aux mouvements d’un glacier de la taille de la Corse et le réchauffement climatique à fait fondre la glace pour laisser place à un lac dans lequel dérivent des icebergs gigantesques. Ces icebergs bleus semblent retouchés sur Photoshop. On se remémore la proximité du Groenland quand on aperçoit des milliers de maquereaux qui semblent totalement groguis par le froid. On parcourt les quelques mètres qui nous séparent de la mer. Le sable est noir. Des icebergs sont échoués sur la plage en attendant de disparaître léchés par les langues salées de l’océan. Et à nos pieds : des MILLIERS de gros maquereaux fraîchement décédés ou encore à l’agonie. On apprendra qu’un banc entier de maquereaux avait été chassé par un squale ou une meute de phoques et que ces idiots de maquereaux n’ont pas trouvé meilleur refuge qu’un lac polaire. Forcément un peu frais, même pour un maquereau. Cette coïncidence exceptionnelle (on n’avait jamais connu pareil scénario depuis des décennies) a alors rameuté phoques et oiseaux en tous genres pour un festin royal offert sur plateau d’argent.

Au pied du Vatnajökull III Au pied du Vatnajökull IVDust weed Iceberg marin III

Pour terminer notre périple islandais, on fait appel à Haukur Ingi Einarsson charmant petit guide local qui nous emmène arpenter le mythique Vatnajökull qui malgré sa taille titanesque fond à une vitesse grand V. Hauruk connait son métier et nous promène joyeusement entre cascades, tunnels et gouffres polaires. 4h de méandres gelés, armés de nos crampons, sous un soleil radieux.

La faille Dark black beach

Le retour est lent et silencieux, chacun dans ses pensées. Ce voyage s’achève. Quel bonheur d’avoir pu le partager avec son père.