On quitte l’envoutante Amorgos un peu tôt à mon goût direction la mythique île de Santorin. Levés aux aurores pour un nouveau périple marin via un Speed Boat dantesque, véritable ville flottante.

Six étages, fastfood, salle d’arcades, tout est bon pour satisfaire les milliers de touristes (à majorité asiatique) qui s’agglutinent dans les moindres recoins.

A l’approche de Santorin, l’effervescence est palpable, les onomatopées sont de mises et chacun tente d’apercevoir le village Oia à l’extrême nord de l’île, tache blanche irréelle à flanc de falaise, prête à tout moment, pour le grand plongeon dans ce Trou bleu façon Yukinobu Hoshino.

Pataud, notre mastodonte se fraie lentement un chemin entre la caldeira et le volcan pour poser enfin son gros arrière train sur le petit port de Santorin. Attention, débarquement. Véritable Arche de Noé, notre navire déglutit son quatre heures pendant près de 40 min. Au menu : Touristes, chiens, voitures, fourgonnettes, jeep militaire, car, ravitaillements, camions et valises à roulettes taille 3XL.

On trouve rapidement une petite chambre d’hôtes coquette et spacieuse dans la périphérie de Fira, juste assez éloignée pour fuir ces nuées de touristes excités.

On rejoint Fira à pieds dans la soirée, 30 minutes de poussière pour arriver au cœur de la capitale de l’île. Tout est propre. Les boutiques alternent méthodiquement : souvenirs immondes, luxe irréel et vestiges reconstitués. Même les locaux ont muté.

On déambule dans ce DisneyLand au goût de feta aseptisée. Le gigantesque tremblement de terre qui a complètement redessiné les contours de l’île en 1956 semble moins brutal que cette éruption touristique des 15 dernières années.

Le lendemain, on enjambe un scooter surpuissant pour sillonner l’île et révoquer ce sentiment de déception qui pointe le bout de son nez. La balade est agréable : plages de sable noir, plage de sable rouge, dégustation de vin, routes sinueuses, embouteillages, pita gyros et petits villages pittoresques. Le tout sous une chaleur écrasante.

On file vers Oia, lieu de culte des photographes amateurs pour prendre le cliché carte postale que l’on sera fier d’accrocher au-dessus de sa cheminée avec la mention « c’est-moi-l’a-fait ». Le centre-ville est mignon et moins surfait que la capitale mais plus on avance vers la corniche, plus on se fait dépasser par des hordes de touristes. Véritable compétition pour récompenser celui qui aura le plus gros objectif. La tension est palpable, le moindre centimètre carré est déjà occupé et si la vue est grandiose, on étouffe.

On profite de l’occasion pour fuir la fourmilière urticante, rater le coucher de soleil et trouver une table dans un excellent restaurant hors de prix.

Le retour est épique, si la panne d’essence nous guette à chaque virage, notre destrier tient bon mais c’est la serrure qui nous lâche (tous nos effets bloqués dans le coffre), c’est décidé, nous voguerons dès le lendemain vers une contrée plus sauvage.